Pour démarrer la saison culturelle 2020-2021, l’association Budo Attitude invitait Gilles Hauchecorne pour partager sa passion de la moxibustion japonaise, un art qu’il pratique quotidiennement depuis plusieurs années chez Kenbi Institut.

La conférence diaporama du mercredi 14 octobre, « Moxibustion japonaise - OKYU お灸 : Chaleur et énergie du moxa » , a suscité un très grand interêt chez les participants, parmi lesquels des novices, des thérapeutes, ou des heureux receveurs de l’OKYU, qui voulaient en découvrir un peu plus sur cette discipline.

Comme souvent dans les conférences diaporamas proposées dans l’association, le contenu était riche, illustré…et dense ! En moins d’1h30, il s’agissait de faire découvrir cet art thérapeutique japonais, que la plupart du public ne connait pas, du moins dans notre pays.

 

Un art peu connu en Occident

Si vous posez la question autour de vous, à des personnes représentatives de la population, vous allez vite voir que l’immense majorité aura une idée de ce qu’est l’acupuncture ..ou tout du moins connait le terme. Maintenant faites le même test avec la moxibustion (sans même parler de moxibustion japonaise) : bien moins de 1 personne sur 10 en ont entendu parler.

Il y a des raisons à cela, qui sortent du cadre de cet article, elles sont à la fois historiques, culturelles, et techniques.

Pourtant, que ce soit en Chine avec le terme Zhenjiu, ou au Japon avec le terme Shinkyu,鍼灸, acupuncture et moxibustion font partie d’un ensemble de méthodes conjointes.

 

Les origines

Depuis la nuit des temps l’homme a utilisé le pouvoir du feu pour améliorer sa santé, et pas seulement pour cuire des aliments ou se réchauffer. A cet effet, il utilisait certaines plantes qui avaient des capacités particulières d’allumage, thermiques et des effets variés sur le corps et l’esprit. L’armoise est la plus fameuse d’entre elle, et c’est cette plante qui sert pour la moxibustion.

Lors de la conférence, Gilles Hauchecorne a exposé les découvertes historiques, archéologiques et les développements techniques majeurs qui accompagnent le développement de la moxibustion, jusqu’à la moxibustion japonaise telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui.

Ce voyage nous a bien sur fait passer par la Chine, avec la découverte majeure d’écrits dans les tombes de Mawangdui (-300 à -200 av. J.C), mais aussi en Europe, avec la Grèce et les pratiques de l’époque d’Hippocrate, et surtout la Hollande et le Portugal par ses échanges avec l’Asie à l’époque des explorations et des colonies.

 

Au Japon

Mais la moxibustion prendra un développement tout particulier au Japon, après l’arrivée depuis la Chine de 164 livres de médecine chinoise par le médecin bouddhiste Chiso au 6è siècle.

C’est surtout la période Edo (1602-1868) qui marque le fort développement de l’OKYU au Japon, au point que le médecin naturaliste allemand Engelbert Kaempfer rapportait dans « Moxa en Chine et au Japon » que tous les japonais avaient des signes de brulures au moxa.

Depuis la période EDO, en moxibustion japonaise , des grands maitres se sont illustrés.

Ils ont contribué de façon importante le développement de cet art, par la mise en oeuvre de nouvelles règles et principes de traitement, des développements techniques, de stratégies,….

Ceci a influencé la pratique de la moxibustion jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit d’un art ancien mais qui évolue et se construit sur les apports de ces maitres sans perdre ses racines.

 

Aujourd’hui, en Europe

En occident, Felip Caudet transmet dans son école OKYU Barcelona l’art traditionnel de la moxibustion japonaise et le style de maitre Fukaya (pour lequel il est le seul enseignant reconnu en dehors du Japon). Ses développements de la théorie des fascias et la correction posturale par la moxibustion KINSEIKYU font encore avancer cet art et l’ouvrir à de nouvelles possibilités et compréhensions.

Oran Kivity enseigne également en occident une méthode relativement récente, ONTAKE (littéralement « bambou chaud »), qui marie merveilleusement la moxibustion, avec le mouvement, le rythme , et une forme de « massage » , qui en fait une technique très dynamique de la moxibustion japonaise.

 

Les techniques et les particularités

Et justement, la moxibustion japonaise se caractérise une grande variété de méthodes.

Bien qu’on utilise des concepts structurés par la médecine chinoise classique, la moxibustion japonaise s’est développée de manière indépendante sur plusieurs siècles.

Lors de la conférence, Gilles Hauchecorne a présenté et illustré les 2 grands groupes de méthodes qui constituent l’OKYU:

  • la moxibustion directe , dans laquelle on retrouve notamment TONETSUKYU (« la chaleur qui pénètre ») , qu’on appelle souvent le moxa grain de riz en référence à la taille du cône d’armoise. C’est dans la moxibustion directe que les japonais sont passés maitres, avec un raffinement, une excellence et une précision inégalées.
  • la moxibustion indirecte, dans laquelle on retrouve le fameux cigare d’armoise (BOKYU en japonais), bien connu des praticiens en médecine chinoise, et d’autres méthodes utilisant l’armoise dans des boites à moxa, et en larges cônes seuls ou sur des rondelles de gingembre ou sur du sel. La méthode ONTAKE (bambou chaud), portée par Oran Kivity a une place particulière de part son application rythmique et la combinaison de différentes méthodes de massage.

Une autre caractéristique importante est la qualité de l’armoise utilisée.

On utilise essentiellement une armoise japonaise, Artemisia princeps pampanini, avec des grades variables selon la technique employée.

Pour la moxibustion directe, l’armoise est d’une grande pureté, et préparée avec un soin très poussé par des étapes successives de séchage, broyage, tamisage. C’est un art qui se transmet de génération en génération au Japon et on ne retrouve cette qualité nulle part ailleurs.

 

La pratique par les OKYUYA SAN

Bien que faisant partie de la pratique populaire encore aujourd’hui, la pratique de la moxibustion japonaise demande une attention très particulière de la part du praticien, qu’on appelle OKYUYA SAN.

Sans rentrer dans les détails trop complexes pour une conférence, Gilles Hauchecorne a expliqué quelques notions fondamentales de la pratique de la moxibustion japonaise, notamment :

  • Les méthodes spécifiques de palpation, et la recherche de points particuliers appelés « points vivants »
  • La détection des vides / déficiences , et pleins / excès dans les tissus, avec la régularisation de ces perturbations par les techniques adaptées
  • Quelques aspects techniques qui rendent cette pratique si fine et précise, tels que la palpation, le choix du point et de la méthode, la confection des cônes, l’application avec le juste dosage, ….

Dans toutes ces étapes, le praticien et le receveur sont en relation et en contact en permanence, il y a un vrai échange.

 

Pour conclure, c’est l’ensemble de l’histoire si riche et passionnante, de la qualité des matériaux, de la finesse dans l’application, et bien évidemment de la grande efficacité des techniques, qui font de la moxibustion japonaise un art thérapeutique d’excellence.

De plus en plus, les praticiens de médecine chinoise, ou de shiatsu notamment cherchent à utiliser et se former dans cet art qu’ils savent très efficace.

Mais il existe également une place pour la moxibustion japonaise dans les familles, chez soi, pour certaines méthodes, avec un premier apprentissage préalable.

C’est dans cet état d’esprit, et cette volonté de transmission et de partage, que Gilles Hauchecorne développe cet art en Savoie, dans son cabinet et avec Budo Attitude.

 

 

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Pour rencontrer Gilles Hauchecorne en suivi individuel,  veuillez consultez le site de Kenbi Institut, partenaire de Budo Attitude: www.kenbi-institut.com  

Auteur : Gilles Hauchecorne