Médecine traditionnelle chinoise

Médecine traditionnelle chinoise

La médecine chinoise est un système médical complet dont l’origine remonte à 2500 ans environ. Elle est cependant l’aboutissement, la structuration et l’évolution de pratiques plus anciennes. Elle se base sur des concepts et principes particuliers. Aussi, elle considère l’homme comme étant un microcosme à l’image du macrocosme, donc en interaction permanente avec son environnement, au sens large. On parle souvent de l’homme entre ciel et terre, et cette image se retrouve dans des pratiques de Qi-Gong, et dans la sagesse Taoïste. Ainsi, dans la médecine chinoise, l’homme n’est pas séparé de la nature, et même s’il y occupe une place particulière, des lois similaires s’appliquent.

 

Les textes fondateurs :

La médecine chinoise, tout en ayant une vision globale et complète, est très structurée et de nombreux écrits décrivent son usage et sa théorie.

Elle n’est pas seulement empirique mais dispose d’une littérature et d'une formalisation importantes. Les textes canoniques auxquels les plus grands médecins se sont référés et se réfèrent encore aujourd’hui dans les pratiques classiques sont les 4 suivants :

1- Huang Di Nei Jing (classique de la médecine interne de l'empereur jaune) Comprenant 2 grands ouvrages :

- Su Wen (questions essentielles) Il est plutôt Axé sur la théorie fondamentale de la médecine chinoise.

- Ling Shu (pivot de l’esprit) Il traite surtout de la théorie de l’acupuncture. Une traduction Francophone de qualité est : Ling Shu - « Pivot Merveilleux » - Constantin Milsky / Gilles Andrès

2- Shennong Ben Cao Jing (traité de la matière médicale du divin laboureur) La traduction Francophone de meilleure qualité est celle de : Abel Gläser / Yannick Bizien - Institut Liang Shen de Médecine Chinoise

3 - Shanghan lun (traité des blessures dues au froid) La traduction Francophone de meilleure qualité est celle de : Abel Gläser - Institut Liang Shen de Médecine Chinoise

4 - Nan Jīng (classique des difficultés)

Au-delà de ces 4 grands classiques, des milliers d’ouvrages et de classiques ont été publiés lors des dynasties successives en Chine par des médecins illustres.

 

Les principes :

Parmi les concepts et piliers de la médecine chinoise on considère notamment:

La théorie dialectique du Yin et du Yang

Les concepts de Yin et Yang sont surement les plus emblématiques de la sagesse et culture chinoise. Cette théorie illustre avant tout une classification, une analyse de toute chose et des phénomènes universels.

Pour rester dans la médecine chinoise, retenons cette citation du Su Wen, chap 5 « Le Yin-Yang est la loi générale de tout l’univers, la conclusion de toute chose, l’origine de la transformation de tout et de la croissance / destruction »

Ainsi les concepts de Yin et de Yang, toujours relatifs l’un par rapport à l’autre sont notamment présents en Médecine Chinoise dans les aspects suivants (non exhaustifs):

YIN

YANG

Organes 

(Rein, Foie, Coeur, Rate, Poumon)

Entrailles 

(Vessie, Vésicule Biliaire, Intestin Grêle, Estomac, Gros Intestin, Triple réchauffeur)

Froid

Chaud

Intérieur

Extérieur

Structure

Fonction

Nuit

Jour

 

 

Le mouvement entre ces 2 polarités, l’échange et l’interaction sont essentiels à la vie, et leur équilibre est selon la médecine chinoise une condition indispensable de santé.

 

La théorie des 5 mouvements

Comme la dialectique du Yin Yang, la théorie des 5 mouvements est une des bases, un pilier pour l’analyse des phénomènes aussi bien que pour le traitement dans la médecine chinoise. Bois, Feu, Terre, Métal, Eau constituent les 5 mouvements dans la culture chinoise.

Elle est une représentation élémentaire de tous les phénomènes du vivant, traitant donc aussi bien du cycle des saisons et des aspects cosmologiques, que des transformations, mouvements, et classifications dans le corps humain.

Les 5 mouvements sont tous reliés entre eux par des relations particulières, dont notamment - mais pas uniquement - les relations d’engendrement et de contrôle.

Selon la disposition en cercle ou en 4 orients autour d’un centre, les applications en médecine chinoise sont très nombreuses, et conditionnent aussi bien le traitement en acupuncture que l’utilisation de la pharmacopée chinoise et de la diététique chinoise.

 

La théorie des méridiens (Jing Luo)

Elle représente un socle de la médecine chinoise et a un lien direct avec tous les traitements d’acupuncture, de massage, mais aussi avec le Qi-Gong.

Les méridiens et leurs branches collatérales relient toutes les parties du corps entre elles : l’interne avec l’externe, organes, viscères, membres, tendons, os, peau. C’est un réseau complexe avec des connexions entre méridiens, et entre les organes et les méridiens, c’est donc bien plus qu’un circuit énergétique avec des points d’acupuncture.

Ce réseau de méridiens transporte le Qi (« le souffle vital ») et le sang, donnent des indications sur les aspects Yin et Yang, sur les blocages et stagnations, les vides et les plénitudes.

Ainsi, d’après cette approche, ils sont également le lieu par lequel se manifestent et se propagent les maladies, et sont donc l’endroit par lequel on va appliquer les traitements d’acupuncture et de massage.

Aux 12 grands méridiens bien connus, portant le nom de l’organe /entraille auquel ils se relient directement, s’ajoutent les 8 merveilleux vaisseaux (ou méridiens extraordinaires Qi Jing Ba Mai).

Parmi ces 8, seuls Du Mai et Ren Mai ont leurs propres points.

Les 2 catégories formant les Jing Mai (Méridiens) :

Méridiens principaux (Zheng Jing)

Merveilleux Vaisseaux (Qi Jing Ba Mai)

Poumon

Du Mai (Vaisseau Gouverneur)

Gros Intestin

Ren Mai (Vaisseau Conception)

Estomac

Dai Mai (Vaisseau Ceinture)

Rate

Chong Mai (Vaisseau Pénétrant)

Coeur 

Yin Qiao Mai 

(Vaisseau Yin du talon)

Intestin Grêle

Yang Qiao Mai 

(Vaisseau Yang du Talon)

Vessie

Yin Wei Mai

(Vaisseau Yin de Liaison)

Rein

Yang Wei Mai 

(Vaisseau Yang de Liaison)

Enveloppe du Coeur

 

Triple Réchauffeur

 

Vésicule Biliaire

 

Foie

 

 

 

Les Jing Bie sont des trajets ou branches divergentes qui partent des méridiens principaux sur les membres pour pénétrer l’organisme en profondeur et ressortir ensuite à la surface.

Les méridiens ne se limitent pas à ceux cités ci-dessus.

Ils sont aussi constitués des:

  • Luo Mai = Branches collatérales Elles circulent en superficie, tandis que les méridiens principaux vont plus profondément. On distingue dans cette catégorie :
  • Bie Luo (Luo longitudinal) : longe le méridien principal
  • Luo transverse : connecte les méridiens couplés Biao/Li (interne / externe - Yin / Yang), par exemple Rate /Estomac Fu Luo : constituent des branches superficielles du méridien principal
  • Sun Luo : sont des tous petits capillaires des branches collatérales
  • Jing Jin = Parties tendino-musculaires Ils représentent des zones musculaires, tendineuses, articulaires, qui suivent les trajets du méridien principal, et ont un rôle essentiellement musculo-squelettique.
  • Pi Bu = Zones cutanées Ce sont des superficielles du corps, elles traduisent également l’activité des méridiens.

Un très bon ouvrage visuel regroupant tous ces méridiens : « Les méridiens et les vaisseaux extraordinaires en illustrations » est disponible aux Editions de l’Institut Yin-Yang

On peut également consulter la 1ere partie de l’ « Atlas d’acupuncture » de Claudia Focks.

Pour aller plus loin, l’ouvrage de Wang Ju-Yi « La théorie des méridiens et ses applications en médecine chinoise » est une référence en la matière.

 

 

Les autres concepts

 

La théorie de la médecine chinoise est très riche, et bien d’autres aspects sont utilisés dans ce système médical pour comprendre la cause, le développement, le mécanisme des maladies et pour pouvoir les traiter efficacement.

 

On utilise notamment les notions de:

 

  • Qi, sang, Jing, liquides organiques
  • Les causes externes des maladies avec les 6 facteurs climatiques
  • Les causes internes des maladies avec les 7 émotions
  • Les 3 trésors : Jing - Qi - Shen
  • Les 5 esprits : Zhi - Hun - Shen - Yi - Po

 

Chaque notion est d’une grande richesse et pourra faire l’objet d’un développement dans des articles. Tous sont importants, mais bien évidemment la notion de Qi prend une place toute particulière, tant le Qi est omniprésent dans tous les aspects du vivant.

 

 

Les outils thérapeutiques :

 

Utilisant les théories et dialectiques propres à son système, la médecine chinoise réalise lors de tout traitement un diagnostic dialectique (Bian Zheng) , qui constitue la clé de voute de l’étude clinique en médecine chinoise, permettant d’établir des méthodes de soin et d’appliquer un traitement approprié.

 

Diverses approches et méthodes sont utilisées, et les 4 temps de l’examen (Interrogatoire - Observation - Auscultation Audio-olfactive - Palpation) permettent de recueillir les signes et symptômes permettant le diagnostic en Médecine Traditionnelle Chinoise.

 

La médecine chinoise utilise 3 grands outils thérapeutiques auxquels s’ajoutent 2 autres.

 

Il s’agit de:

  • L’acupuncture et la moxibustion
  • Le massage TUINA
  • La pharmacopée chinoise
  • La diététique chinoise et le Qi-Gong sont des outils secondaires très utiles, voire indispensables selon les situations individuelles.

Ils sont donc en lien direct avec la Médecine Chinoise.